lundi 15 octobre 2012

Dans trois semaines...

Dans trois semaines, on y sera. Dans trois semaines, je vais devoir apprendre à gérer mon temps mieux qu'aujourd'hui. Je vais devoir faire en 5h ce que je fais difficilement en 24h. Je ne vais plus pouvoir tranquillement te prendre dans mes bras et te bercer pendant des heures. On devra respecter l'autorité de la méchante horloge. Je ne pourrais plus me dire que "plus tard", c'est tout aussi bien. Parce que "plus tard" n'existera plus. Dans trois semaines, deux soirs par semaine, je ne te dirai pas bonne nuit parce que tu dormiras déjà quand je serai rentrée. Dans trois semaines, je vais devoir réapprendre mon boulot aussi. Parce que je ne sais plus trop comment faire, dans le monde des adultes. Est-ce que si je leur raconte une histoire ça fonctionnera? Est-ce que je peux leur chanter une comptine en anglais lorsqu'ils ne sont pas contents? Est-ce que je vais me souvenir de comment on fait, pour leur apprendre une langue? De comment je faisais avant, pour les intéresser. Est-ce que je vais retrouver l'envie, aussi. Ne vais-je pas être complètement absorbée dans mes pensées qui iront vers toi? A me demander ce que tu fais, comment tu vas. Parce que surtout, dans trois semaines, ce sera le moment de te laisser avec une madame qu'on espère gentille, et avec des autres petits qu'on espère relativement calmes et surtout non-agressifs. On n'oubliera pas de lui dire, à la madame, de bien te tenir dans ses bras parce que sinon tu risques de faire des triples salto arrières. Et si elle te laisse pleurer dans ton lit toute seule? Dans trois semaines, on lui dira, que tu n'aimes pas trop ça. Que tu dors longtemps pendant la nuit, alors la sieste l'après-midi, ce n'est pas vraiment obligatoire. Que si tu pleures, il faut te cajoler parce que tu es trop petite, trop belle, trop géniale pour qu'on te laisse pleurer sans aucune vergogne. Dans trois semaines, on lui expliquera, à la gentille madame, que ton lait, tu l'aimes bien chaud mais que tu en mets partout si on ne te tient pas bien droite et qu'on ne te met pas de bavoir. On lui dira aussi que tu détestes qu'on change ta couche, mais si on te chante une chanson en même temps, ça va mieux. On lui dira que tu es gentille aussi, et qu'il ne faut pas s'énerver quand tu pleures parce qu'il y a toujours une raison. On croisera tous les doigts de tous les membres très très fort pour qu'elle ne te crie jamais dessus. On aura envie de placer des caméras partout dans sa maison pour être sûrs qu'elle prend bien soin de toi. Dans trois semaines, tu passeras plus de temps avec cette gentille madame qu'avec ta maman. Et ça c'est une vraie révolution. Oui, il faut. Non, on n'a pas le choix. Mais quand même, ça fait une boule au ventre.

1 commentaire:

  1. Que dire à part plein de courage !!! La première séparation est difficile mais pas impossible.
    Elle va commencer sa petite vie de bébé à elle, avec ses futurs amis, ses futurs jeux, sa petite part d'intimité. Et même si c'est dur, c'est aussi un très grand pas pour vous tous et de très chouettes moments en perspective :)

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