vendredi 5 octobre 2012

L'allaitement, c'est facile. Sauf que ça l'est pas.

Oh rage, oh désespoir! m'écriais-je ces derniers temps à l'heure du repas de petite grenouille. Cette petite n'est pas encore syndiquée qu'elle fait la grève du sein. Hurlements, frustrations, remises en questions. On nous dit que l'allaitement, c'est facile. Et on le croit. Parce qu'après tout, c'est naturel, c'est fait pour ça. Une bonne mère allaite. Sauf que. Des fois ça ne se passe pas comme prévu.

Déjà à l'hôpital, petite grenouille devenait hystérique au sein. Avec de la patience et l'accompagnement d'une très gentille sage-femme, l'allaitement avait finit par bien démarrer. A tel point que je me suis dit que c'était gagné et que j'allais pouvoir accomplir mon projet: l'allaiter pendant 1 an, malgré les impératifs de la vie tels que le travail, les soirées en amoureux, les courses... On nous dit pas de problème!! Vous pouvez tirer votre lait et retrouver un peu de liberté, et continuer l'allaitement quand vous reprendrez le travail. Avec un tire-lait manuel aussi pratique qu'un bout de bois pour allumer un feu, ou un tire-lait électrique qui vous donne des impressions champêtres. Ou à la main, "la façon la plus propre et la plus hygiénique". Surtout quand le lait gicle partout sauf dans le réceptacle et qu'il coule sur nos vêtements. Joli pour revenir de sa pause au boulot. Mais bref, passons la méthode. Il suffirait au pire de donner un biberon ou deux de lait de substitution (ce qui, rappelons-le, ne va pas tuer un bébé...) Oui mais ce qu'on ne vous dit pas, c'est que même si bébé ne confondra pas nécessairement la tétine du biberon avec votre sein, il préférera quand même le premier. Juste parce que ça va plus vite. Et l'hystérie des premiers jours revient au galop et lait se tarit doucement.

Ne lui donnez surtout pas de biberons! vous dit-on juste après. Une tasse, c'est bien mieux! Et lorsqu'elle refuse la tasse comme si je lui avais présenté le diable en personne, je vais sans doute la laisser mourir de faim aussi tiens. M'acheter des Boules Quies. Après des torrents de larmes de déception, je ne suis pas sure d'être une moins bonne mère en répondant aux besoins de mon enfant par un biberon de lait de substitution. Je ne suis pas sure que de la laisser pleurer, que de s'acharner, soit une preuve de bon sens. Surtout qu'elle prend enfin un peu de poids. Surtout qu'après il faudra de toute façon la sevrer. Et quand je lis les difficultés qu'éprouvent certaines à faire en sorte que leur enfant accepte un biberon quand elles reprennent le boulot...

Alors oui l'allaitement, ça peut être facile. Quand on a le luxe et l'envie de ne faire rien d'autre pendant un an. Quand on a le coeur et la patience de surmonter toutes les difficultés qui peuvent se présenter. Quand on décide de faire une croix sur des soirées en tête à tête pour éviter de donner le moindre biberon, même de lait maternel. Ce que je refuse de faire car à mon sens, protéger un minimum sa vie de couple est aussi essentielle à l'équilibre d'un enfant qu'une bonne nourriture. Je ne dis pas que je renonce, juste que je la laisse gérer. Qu'elle prend le sein quand elle le veut. Qu'elle aura un biberon quand elle ne le veut pas. Et quand y en aura plus, je sais que j'aurai fait ce que je pouvais, en accord avec ma propre sensibilité. Et j'emmerde la Leche League*.


*Pour être tout à fait honnête, ils sont plutôt sympas à la Leche League. Mais faut bien que je trouve un bouc émissaire.

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