dimanche 19 mai 2013

Et le temps passe

Juste une sensation ce soir, de ce temps qui passe, qui s'échappe, qui nous rattrape, nous marque et puis s'enfuit. Juste une pensée, ce soir, vers ces rencontres qui font des vies, des amitiés qui se font, se défont et puis s'oublient. Ou pas. Est-ce qu'il y a dix ans, on était si différents? 

Un sourire, ce soir, à la jeune fille de vingt ans qui est toujours en moi. L'insouciante, l'éphémère, libertaire. Un regard, ce soir, en arrière. Vers mes salles de cours de l'ULB, la cafétéria bleue presque de méthylène et ses salades infectes mais ses croissants extras, des cadeaux de Noël échangés entre amies, le 6ème étage d'une bibliothèque toujours bondée en plein blocus, les fous rires étouffés pour laisser les autres se concentrer, les odeurs fulminantes des sous-sols du bâtiment U. Les cours adorés, et ceux séchés, parfois juste pour l'envie de se sentir en vie quand on s'enfuit vite fait des couloirs "avant que le prof n'arrive", avoir le coeur qui bat à 100 à l'heure, se dire qu'on est con et puis se marrer. Les nuits passées à étudier, les murs de ma chambre re-tapissés de 1000 ans de philosophie, se réveiller au milieu de la nuit pour vérifier sur le mur de droite ce qu'avait dit Bacon. Le premier coeur brisé qu'on ne pense jamais pouvoir surmonter. Les amis qui sont là pour nous y aider, et qui y arrivent. Les soirées crêpes à 20 dans un kot de 6m2, 3 cinémas en une journée, des soirées grammaire, ou des soirées "pays-villes" ou des pays sont inventés, des soirées déguisées ou tout le monde finit par s'adorer et qu'on termine à 6h du matin en regardant "Friends" parce que quand tout le monde est parti après une fête, c'est trop déprimant. Des anniversaires fêtés au Goupil, bien calés dans un canapé bien trop mou mais avec un verre de vin bien trop bon pour l'innocence de mon palais de vingtenaire, d'autres fêtés à Disneyland parce que ça fait du bien de se prendre encore pour des gosses, 25 ans célébrés à danser sur les tables de l'Oreilys à ne boire que du champagne. Se répéter qu'on est con mais qu'on s'en fout. Des déménagements à gogo, des rencontres intéressantes, certaines malheureuses, mais pas que. 

Et puis l'amour d'une vie. Celui tellement fort qu'on en tremble comme une gamine de 15 ans. Celui qui donne envie de se battre toute la vie pour le garder bien précieusement et en profiter encore et encore. Pouvoir chanter à tue-tête dans sa cuisine dans sa maison de soi, pouvoir danser comme des idiots l'un avec l'autre, se balancer de l'eau sur les vêtements juste comme ça, recracher son ice-tea par le nez tellement on rit, se dire qu'on est cons, mais qu'on est deux. Se prendre dans les bras, se dire qu'on s'aime sans qu'on ne le se soit jamais assez dit, faire l'amour pour se le montrer mieux. Regarder notre fille grandir et sourire. Regarder un instant en arrière. 


Et se demander comment ça sera, dans dix ans?


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