lundi 5 novembre 2012

Supergirl en action


Réveil à 7h tapantes en se disant qu'on est déjà en retard pour sauver le monde, mais profiter encore un tout petit peu de l'oreiller, collée serrée près de petite grenouille qui s'éveille doucement au sein de sa maman. Puis habillage et déguisement de ladite grenouille qui fête Halloween à la crèche. Ma fille fait sa première party sans moi! Puis jeux d'éveil avec des histoires d'araignées tricoteuses et de Mary et son agneau qui la suit jusqu'à l'école. S'émerveiller que bébé ait attrapé son Doudou lapin doux pour la toute première fois. Prendre des photos. Lui faire encore des milliers de câlins. La laisser dormir dans mes bras pour la sieste du matin, tiens. Parce que c'est tellement agréable. S'inquiéter de la journée à venir, calculer les cuillères de lait en poudre, les millilitres d'eau, les minutes entre les repas, les grammes de stress et d'incertitudes. Préparer un repas de midi à 10h30, partir à 12h et se rendre compte qu'on ne comprend rien à cette poussette de merde qui coûte les yeux de la tête. Se demander comment ça se met, une capote contre la pluie. Se demander s'il pleut seulement. Attraper ses affaires au vol et partir à 12h20 en se disant que pour être au travail à 13h45 on est large. Se rendre compte à 400m qu'on a oublié son portable et les biberons de petite grenouille, et faire demi-tour en se disant que c'est une erreur de débutante. Enfin arriver à la station de métro et constater que l'Escalator est cassé. Se demander comment on va faire avec petite grenouille dans la poussette, être sur le point de pester et se faire aider par un super gentil monsieur qui donne de l'espoir quant à la nature humaine. Arriver sur le quai à 12h40 et devoir attendre 13 minutes qu'un métro arrive. Regarder petite grenouille dormir paisiblement et se dire qu'elle est vachement belle quand même. Arriver à la crèche, la laisser dans les bras d'une gentille madame, l'embrasser une dernière fois et se presser le pas - que dis-je, la cape - jusqu'au boulot. Reprendre le métro et se faire bouffer sa carte STIB par la méchante machine orange. Se dire que ça ne sert à rien d'appeler un employé, on a un timing a respecter, et racheter un ticket. Foncer. Arriver à 13h40 et se dire que c'est pas si mal, au final. Faire un retour fracassant dans une ambiance un peu drôle, comme un nuage qui débarque dans un matin gris, et se dire que c'est dommage, mais que ce n'est pas grave, qu'il faut se refaire sa place sociale et que ça viendra. Revoir les collègues, faire des copies, et lancer l'examen écrit de ses étudiants en se disant qu'en trois heures on devrait avoir vite le temps de préparer le correctif pour mieux corriger le soir même. Se rendre compte qu'on a fini en 25 minutes, à force d'être habituée à tout faire en mode turbo. Prendre le temps de regarder par la fenêtre, de revoir son vocabulaire (un prof est un éternel étudiant), de se demander ce qu'on fait là, de trouver ça presqu'incroyable 4 mois plus tard, de se souvenir des débuts dans cette classe quand on rêvait de tout quitter pour des pays orientaux, de se souvenir qu'aujourd'hui on a des responsabilités. Se dire que le temps ne passe pas vite. Recevoir quelques copies d'examen compilées enfin et se mettre à les corriger tout de suite. Avoir fini de tout corriger à 17h30 alors qu'on pensait devoir y passer la nuit. Se poser pour un Diet Coke bien mérité et appeler chéri pour savoir comment va petite grenouille. Apprendre qu'elle a passé une bonne journée à la crèche, qu'on l'a maquillée, qu'elle est toute calme et qu'elle s'endort dans les bras de son papa. Se dire qu'elle me manque. Rejoindre la classe du soir et rencontrer avec plaisir des étudiants motivés pleins d'énergie et se rappeler pourquoi on a choisi ce métier. Se sentir soulevée, dans son élément. Se rappeler qui on est, en dehors d'être maman.  Se rendre compte que la migraine commence. Rappeler chéri à la pause pour prendre des nouvelles. Etre rassurée, car lui c'est un super-man accompli. Finir à 21h, rappeler une dernière fois parce que décidément c'est dur de ne pas tout savoir, marcher vite jusqu'au métro, écouter de la bonne musique sur un Ipod rose fuchsia, arriver chez soi à 22h. Passer sa tête au dessus d'un berceau où petite grenouille dort paisiblement. Avoir envie de l'embrasser mais avoir peur de la réveiller. Embrasser chéri plutôt. Discuter pendant qu'il cuisine, manger comme deux zombies devant la télé en se demandant comment font ceux qui ont pleins d'enfant. Re-commencer à travailler à 23h, tout clôturer, et se dire qu'on va quand même prendre le temps d'écrire tout ça. Un peu par fierté, un peu pour se soulager. Ce n'était que la première journée.

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