dimanche 16 février 2014

Se laisser inspirer, Respirer

Cette après-midi petite grenouille, qui n'est plus si petite, et moi, sommes allées toutes les deux en expédition jusqu'au bout de la longue avenue voisine afin de ramener du pain et des biscuits. 

Au vu du soleil brillant et de l'autonomie nouvelle de mon adorée, j'ai décidé de ne pas prendre la poussette et de la prendre par la main: ça devrait lui faire du bien de marcher un peu "libre". L'allé se fît sans encombre: elle trottine à mes côtés toute ravie et ébahie par tout ce qui l'entoure - un chien, un oiseau, une perruche, un vélo, des voitures. Je marche doucement, évidemment, profitons de cette tâche dominicale pour faire une vraie promenade, je me montre patiente. Au bout de 20 longues minutes, nous voilà arrivées au petit magasin. Encore des découvertes pour les petits yeux de grenouille: des fruits, des légumes, des fleurs. "Avance!" dis-je. 

Oh! Des "nounou". Bah oui, Saint Valentin oblige, le magasin est rempli de paquets cadeaux transparents avec pleins de  peluches dedans. Obligés de passer par là, elle veut évidemment les voir et les toucher. Je la laisse un peu les caresser et lui rappelle ceux qu'on a à la maison, me préparant déjà à devoir faire face à une crise de caprice en plein magasin. Mais étonnamment, pas du tout. Arrivées à la caisse, je paye. Elle trouve à côté de la caisse une pile de sachets de pruneaux qu'elle commence à chipoter. "Laisse ça!"je dis. Elle les prend et les donne à la dame après moi un par un, qui lui dit merci et puis les remets. "Allez, Anaïs, remets ça à sa place, on y va". Je le remets avec elle et on repart. On va devoir repasser par les "nounous", je retiens ma respiration et lui donne la responsabilité de tenir le pain. Ca passe tout seul...

Arrivés dehors, le pain sent bon et est trop tentant, elle essaye de mordre dedans. Je lui donne donc un morceau, la prends par la main, et me dis, allez, dans 10 min, on est rentrées. Mais pour ma petite puce, marcher, mâchonner et découvrir le monde en même temps, ça prend bien plus que 10 minutes. 

Elle voulait écraser des trucs jaunes qui tombent des arbres avec ses pieds. 
"Arrête tu vas glisser et tomber!"
Elle tombe et perds son morceau de pain.
"Tu vois je t'avais prévenue"
Elle ramasse son bout de pain et veut le manger.
"Bah non, c'est fini maintenant on va le donner aux oiseaux"
Elle rouspète.
"Ouiii ouii voilààà, je t'en donne un autre."
Elle veut respirer un arbre
"Mmh, oui ça sent rien, mais bon."
Elle veut respirer une plante
"Allez, il fait froid."
Elle veut respirer une pierre
"Mais...! Ca y est, on peut y aller?"
Elle veut rentrer visiter les maisons des gens.
"Mais non, on ne peut pas y aller, ce n'est pas chez nous!"
Elle voit un ourson en peluche à la fenêtre "Nounou!"
"Oui, c'est un nounours. Et le tiens t'attend à la maison, alors si on pouvait se dépêcher..."
"Nounou!"
"Oui dis au revoir un nounours..."
Elle lui envoye un bisous.

Je souris, il fait froid, malgré le soleil. Ca fait 50 min qu'on essaye de remonter l'avenue. Je perds ma patience et je la prends dans mes bras pour vite rentrer, un peu exaspérée, et tout raconter à son papa: "C'est la dernière fois sans poussette, on a mis 1h30!" 

Oui. 1h30 pour une petite fille de 19 mois qui voulait prendre le temps de découvrir la rue, ses odeurs, ses bruits, les chiens, les chats, les oiseaux, les maisons, les nounous, les arbres, le vent, les gens... Et qui a dû se taper une mère rabat-joie incapable de respirer quelques heures un dimanche après-midi, de s'inspirer de sa petite fille et de simplement oublier le temps pour s'émerveiller du monde qui nous entoure.

Voilà comment j'ai reçu ma première leçon de ma fille aujourd'hui. Et j'imagine - et espère!-  que ça ne sera pas la dernière.



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